Texte de présentation de la résidence d’artiste dans la Galerie de Botanique, Muséum national d’Histoire naturelle de Paris – MNHN, 2024-25

En partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle, dans le cadre du programme Arts et Science, du 9 septembre 2024 au 27 juin 2025.
Avec le soutien de l’ADAGP – Dotation Prises de vues.

En septembre 2024, je commence une résidence artistique au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris afin de réaliser trois séries de dessins au fusain sur toile de coton (160 x 80 cm chacun) à partir de trois arbres remarquables du Jardin des Plantes : le Cèdre de Jussieu, le Platane de Buffon et le Pistachier de Vaillant.

Les collections du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris constituées d’objets, comme les herbiers ou les animaux naturalisés, sont complétées par celles du Jardin des Plantes qui abrite la partie vivante des collections. Mon intention est de dessiner à partir des arbres de ce jardin et, ce faisant, d’entrer en dialogue avec la représentation scientifique du végétal.
En effet, si je pars également de l’observation de l’arbre, ma démarche relève plutôt d’un travail d’interprétation dans lequel le regard bascule au second plan pour permettre une compréhension plus sensible, voire charnelle, du végétal.

Ce qui retient particulièrement mon attention, dans l’arbre, c’est son processus de croissance et sa capacité d’adaptation à son environnement. Ce pourquoi je procède par séries de dessins, en me concentrant sur un nombre limité d’individus. Ces séries permettent non seulement de révéler la diversité des formes générées par la croissance de l’arbre mais aussi ce processus en lui-même : elles sont pensées comme des séquences d’images qui entrent en résonance avec le mouvement perpétuel de la métamorphose du vivant.

En donnant une dimension plastique à la représentation, je propose une vision très personnelle du phénomène de croissance. Les dessins entrent alors en résonance avec les autres règnes : minéral, animal mais aussi humain. Échappant ainsi à toute forme de classification, ils s’ouvrent à l’interprétation des spectateurs qui opèrent leur propre lecture des dessins.
À une époque où la notion d’anthropocène est fortement mise en avant, je privilégie celle de réciprocité à l’intérieur du monde vivant, mise en évidence par Emanuele Coccia qui souligne le rôle de chacun (végétal, animal, humain…) dans la transformation de notre environnement.